Le livre majeur d'André Hellé, "Drôles de bêtes" ("L'Arche de Noé"), a été publié pour la première fois en 1911. Il a connu plusieurs versions, dont la datation est problématique.
L'un des variantes, titrée "Grosses bêtes et petites bêtes", est ornée d'une couverture très différente des autres, représentant un singe qui dessine un tigre.
Il se trouve que cette édition est mentionnée dans un curieux entrefilet paru dans le journal radical-socialiste l'Oeuvre, en janvier 1919. L'auteur, anonyme, stigmatise cette amusante couverture comme étant de la "propagande bolcheviste".
Difficile de savoir ce qui a valu à Hellé cette charge incongrue (vague hypothèse : ce tigre peint par un singe aurait pu être compris comme une caricature du "Tigre", Georges Clémenceau...).
Elle nous apporte cependant un information qui complète le puzzle : cette version venait de paraître, nous dit l'article. Elle a donc été publiée au moment des étrennes 1918-1919...
Béatrice Michielsen a ainsi pu actualiser la notice qu'elle avait consacré à cette édition dans le catalogue de l'exposition "Drôles de jouets" du Musée de Poissy :
Grosses bêtes et Petites bêtes, Éditions A. Tolmer, [1919]
Troisième métamorphose de l’album chez Tolmer, une mouture
d’après-guerre paraît en 1919, sous dos toilé. Une couverture inédite
au graphisme pressé, affiche un titre tout neuf : "Grosses bêtes et Petites bêtes".
Dans la logique des difficultés d’approvisionnement de
papier et d’encre, les plats sont ici revus à l’économie. Une grande étiquette
lithographiée sera dorénavant fixée sur une couverture de carton gris, le plus
souvent un improbable carton ondulé.
Sous le titre sépia, toujours tracé à la main par Hellé, un
singe à lunettes dessine un tigre majestueux, à main levée. Les deux animaux,
tout droit sortis des pages de l’album, occupent efficacement le centre de
l’image dont ils balaient l’espace de leurs queues dressées, semblables à d’élégants
guillemets. Sous leurs pieds, le nom et l’adresse de l’éditeur restent
inchangés.
En revanche, l’impression des couleurs montrera
d’importantes variations qualitatives d’un album à l’autre et laisse penser que
l’éditeur disposa – au moins au début – d’images découpées surnuméraires à ses
précédents tirages. Les albums les plus tardifs se différencient
malheureusement en effet, par une gamme de coloris ternis qui ne purent, à
l’évidence, bénéficier des performances techniques d’avant-guerre.
B.M.
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