mercredi 12 juin 2019

Histoires en images



Passionnante étude sur les récits en images d'André Hellé, sur l'excellent blog Topfferiana, consacré à la littérature graphique d'avant la bande dessinée. 

On y découvre en particulier différentes expérimentations stylistiques de l'illustrateur, et l'influence du modèle de l'image cinématographique. 

Elle est richement illustrée, entre autres d'une de toutes premières publications d'Hellé, dans La Caricature, en 1897, que nous ne connaissions même pas, de même que nous ignorions l'existence des "Aventures du capitaine Spardeck", série publiée 36 ans plus tard, en 1933, dans le quotidien Paris Soir. 

En ligne ici :  



 





samedi 8 juin 2019

Hellé urbaniste...






La Cité industrielle de Tony Garnier (1917)
revisitée par Hellé et Carlègle (1918)





Publié sous forme d'album en 1917, "Une Cité industrielle, Etude pour la construction des villes" est l'oeuvre fondatrice de l'architecte Tony Garnier (1869-1948), basée sur la vision globale et hygiéniste de l'aménagement des villes. Ce premier manifeste de l'urbanisme du XXe siècle organise la cité selon les besoins de l'homme à l'ère industrielle et y inscrit les quatre fonctions primordiales de la ville contemporaine: "Habiter, circuler, travailler, se distraire"... Un projet utopique, jamais réalisé, dont on peut cependant admirer la maquette à l'échelle 1/5000, à la Cité de l'architecture à Paris (voir en ligne ici), et qui a influencé tout le XXe siècle.



  Photo librairie Le Feu follet




Dès l'année suivante en 1918, André Hellé et Carlègle - peut-être enthousiasmés par le programme précurseur de Garnier -, décident de le matérialiser sous forme de jouets lilliputiens, à destination exclusive des Grands Magasins du Printemps. Leur cité industrielle comprendra 78 pièces dans sa formule complète, depuis les hauts-fourneaux de l'usine métallurgique jusqu'aux maisons ouvrières individuelles, en passant par les quartiers de la gare et de l'école primaire. Comme la plupart de ces jouets en bois à l'apparence modeste, celui-ci a disparu, on ne le connaît que par sa représentation dans les catalogue du Printemps. 

La cité moderne à l'usage des enfants n'a en apparence rien d'avant-gardiste ou d'utopique. Elle porte un nom imaginaire, "Moufry", qui évoque la France profonde. Mais, singulièrement, comme chez Garnier, cette ville ne comprend pas d'église...




Si nous nous étonnons qu'un tel jouet ait pu apparaître en 1918, dans un catalogue d'étrennes où prédominaient encore les jouets guerriers et les uniformes de soldats alliés taillés à hauteur d'enfant, nous voulons imaginer que les deux créateurs souhaitaient se distinguer des "va-t-en-guerre" du monde du jouet, pour proposer une vision futuriste de la cité, "où chacun se rendrait compte que le travail est la loi humaine et qu’il y a assez d’idéal dans le culte de la beauté et la bienveillance pour rendre la vie splendide".


B.M.