André Hellé, chambre Cendrillon (mobilier, accessoires, jouet, frise murale)
Déjà reconnu dans les milieux artistiques pour son imagerie du "Pays d'enfance", André Hellé est approché dès 1906 par les grands noms de la décoration murale. Chaque année et jusqu'à la guerre, il ornementera de son esthétique lisible et stylisée
plusieurs modèles de frises, toiles
d'ameublement et
papiers peints, particulièrement adaptés aux chambres
d'enfants.
Le secteur est
encore balbutiant en France où les coûts de production restent élevés et les
espaces domestiques réservés aux enfants, fort rares. Ce sont les Anglo-saxons,
pionniers en la matière, qui produisent des motifs enfantins sur tissu et
papier peint depuis la
seconde moitié du XIXe siècle, en faisant appel à des
illustrateurs réputés tels que Walter Crane, Randolf
Caldecott, John Hassall ou Kate Greenaway pour ne citer que les têtes de
file.
La première
commande d'André Hellé provient de la Manufacture française P.A. Dumas à
Montreuil-sous-Bois, spécialisée dans l'impression sur cylindres en relief : le
motif circulaire de "La ronde" fera l'objet d'un tissu imprimé en 1907, tissu
incidemment retrouvé dans un catalogue d'échantillons
du Musée de l'impression sur étoffe à
Mulhouse (voir notre billet du 24 juin 2013).
La ronde, papier à tenture A. Hellé
1907
Suivront bientôt en 1908, les lais
ocellés de "Bergère et moutons" chez Tekko et Salubra, compagnie allemande
fort réputée pour ses "belles tentures murales lavables et
inaltérables". Hellé reprend l'idée d'un motif ludique et répétitif, au
graphisme aéré, aisément assimilable par les tout-petits. Ici un troupeau de
moutons encercle à intervalles réguliers, une
bergère hiératique vissée sur son socle. Tous ces jouets de bois tourné sont
familiers aux petits Français de l'époque et relèvent de l'artisanat populaire
allemand, de même que les maisonnettes naïves et arbres en copeaux qui
rythment la frise en partie supérieure.
Bergères et
moutons, toile de
tenture, A. Hellé, 1908
Au fil du temps, l'illustrateur produira d'autres
frises murales, invariablement peuplées de jouets aux couleurs
vives (soldats de bois, arche de Noé, jeux d'enfants) selon
la délicate spécificité de l'artiste. On sait également qu'il ornera de fresques (directement peintes sur les murs) de nombreuses écoles et colonies de vacances (voir notre billet Les jolies colonies de vacances).
Les deux exemples ci-dessous confirment,
une nouvelle fois, qu'aucune frontière ne séparait le dessin du jouet dans
l'esprit du décorateur. Il n'est que de montrer le même carrosse réalisé en
volume en 1913 au sein d'une chambre de petite fille, pour s'en convaincre !
B.M.
Frise
murale Les grands carrosses, 1910 - Frise
murale Grenadiers à cheval, 1909
Le grand
carrosse de Cendrillon, jouet de bois et tissu bourré, Angèle et André Hellé,
1913
(Photos : copyright DR/Les Amis d'Hellé)
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