Un jouet inconnu d'Hellé, La Course de taureaux...
Entre 1893 et 1914, la France connaît une vague d’enthousiasme pour les « courses de taureaux à la mode d’Espagne », plus communément appelées « corridas ». Ces courses tauromachiques, bientôt relayées dans les départements méridionaux, engendrent la construction de monumentales arènes en province, mais aussi à Paris, dans le cadre de l'Exposition universelle de 1889. C’est ainsi que verront le jour Les Arènes Parisiennes, La Plaza de Toros de l'Exposition et surtout La Gran Plaza de Toros du Bois de Boulogne.
Entre 1893 et 1914, la France connaît une vague d’enthousiasme pour les « courses de taureaux à la mode d’Espagne », plus communément appelées « corridas ». Ces courses tauromachiques, bientôt relayées dans les départements méridionaux, engendrent la construction de monumentales arènes en province, mais aussi à Paris, dans le cadre de l'Exposition universelle de 1889. C’est ainsi que verront le jour Les Arènes Parisiennes, La Plaza de Toros de l'Exposition et surtout La Gran Plaza de Toros du Bois de Boulogne.
Les spectacles suscitent
d’innombrables articles, doublés d’une abondante iconographie et sont
rapidement encadrés par la Société Protectrice des Animaux (la SPA, fondée en
1845), qui préconise « un simulacre des véritables courses de taureaux,
sans maltraitance de l’animal, ni effusion de sang ».
C’est à Paris en 1908, au second Salon des Humoristes, qu’André
Hellé, dessinateur et satiriste de presse, se saisit du sujet pour présenter
une version parodique, sous forme de pittoresques jouets de bois tourné et
peint (37 pièces au total). Rappelons que c’est dans cette même manifestation
annuelle que Caran d’Ache, Poulbot, Benjamin Rabier et bien d’autres
artistes-illustrateurs, pourront exposer leurs premiers jouets, dits
« artistiques ». Le « Renouveau du jouet français »
était en marche !
Sous
l’œil amusé d’Hellé, rien ne manque au défilé officiel : ni les gendarmes du
spectacle, les « Alguaziles » lourdement vêtus de noir, qui incarnent l’autorité
en piste ; ni le « Picador », cavalier aux culottes jaunes et chapeau de feutre
à large bord ; ni le cheval à l’œil fermé d’un bandeau (pour masquer la vision
menaçante du taureau), ni les « Banderilleros » aux bras symboliquement
prolongés de deux flammes rouges (les banderilles) ; ni les quadrilles de «
Toreros » à pied, en cravate de soie, ceinture colorée, toque d’astrakan,
culottes resserrées aux genoux et bas de coton blanc ; ni le fier « Matador »
en habit de lumière, pointant son épée sur le taureau massif ; ni l’âne et son
muletier, destinés à évacuer le corps de l’animal selon la tradition espagnole.
Tout
ici semble participer à une scène carnavalesque, un joyeux pastiche des jeux du
cirque, où, même les cornes gigantesques du taureau ne parviennent pas à gommer
son aspect gauche et débonnaire, si éloigné de la fureur des combats
traditionnels. Comme souvent chez l’artiste, la farce mène le crayon, le
pinceau et le tour à bois.
Malgré
un superbe état de conservation, l’exemplaire ici photographié, qui est le seul connu à ce jour, présente
quelques manques inévitables. Outre un torero manchot, l’âne a également perdu
ses longues oreilles, les chevaux - une ou deux pattes, le matador - sa cape
rouge (la muleta), le picador - sa longue hampe etc etc. Fort heureusement, une
gravure publicitaire d’époque, permet de compléter la scène des quelques accessoires
égarés par le temps.
On
s’amusera également à relever le logo d’André Hellé, tamponné en rouge sur la
patte du taureau, autant que sur le pied torique de tous les personnages : un
cercle contenant ses initiales, qui s’apparente singulièrement à nos émoticônes
actuels. Preuve que ce marquage fut utilisé par l’artiste dès 1908, avant
le dépôt de marque en 1910 !
Notons
enfin que la signature autographe et datée de
l’artiste figure sur la patte avant d’un des chevaux. C'est une indication très probable qu'il s'agit d'un exemplaire d'exposition, sans doute celui du Salon des Humoristes.
B.M.
Hauteur
des jouets : Taureau : 8 cm, Torero : 13 cm, Picador : 15 cm, Cheval : 14,5 cm,
Alguazil (le tronc-jambes fixées sur le cheval) : 10 cm.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire